
Amis lecteurs,
Voici ce que j’écrivais en mai 2013… On dirait que ça ne s’est pas arrangé depuis…
© Daniel Meurois
Avez-vous remarqué ? Il y a un mot particulièrement à la mode, depuis quelques années… C’est le mot sécurité. On nous le cuisine avec tous les ingrédients imaginables comme si une épée de Damoclès était en permanence suspendue au-dessus de nos têtes dès que, chaque matin, nous glissons nos pieds dans nos chaussures.
Suivant son principe, il faudrait s’assurer de tout, pour tout et partout. En effet, «on ne sait jamais»… Les occasions d’attraper un méchant virus, de rater une marche, d’être mal noté par son patron, de se faire renverser par une voiture et voire, maintenant, de croiser un porteur de bombe en plein centre d’achats pullulent dans notre vie… à tel point qu’on pourrait trouver assez d’arguments pour rester au lit et confiné à longueur de jour.
Avez-vous bien souscrit à telle Assurance ? Êtes-vous certain de vous être fait vacciner cette année ? Votre porte est-elle protégée par le dernier système «Machintotron» ? Non ? Vous devriez pourtant… Vous voyagez encore à l’Étranger par les temps qui courent ? Alors j’imagine que c’est tout organisé… C’est plus sûr, vous comprenez !
On pourrait allonger indéfiniment – ou presque – cette liste de questions, témoins de nos incertitudes typiquement occidentales. Ce n’est pourtant pas nécessaire car il me semble que ces trois ou quatre exemples suffisent déjà à esquisser le décor de la société dans laquelle nous nous enfonçons inexorablement et où nous tentons de vivre dorénavant. Une société dans laquelle les craintes et les peurs cultivées puis entretenues avec soin par leurs marchands – grands médias en tête de file – sont habilement devenues nos fidèles compagnes.
Si j’ai eu envie de vous parler de cela aujourd’hui c’est parce que, quels que soient les prétextes, il m’apparaît très clair que nous faisons fausse route dans une telle direction. Oui, où finit le risque et où commence la sécurité ? Le problème, si c’en est un, demeurera toujours sans réponse car il évolue constamment en fonction de notre manque de confiance en nous, de notre passivité et de notre potentiel d’assujettissement, voire de servilité.
Et en écrivant ces lignes, voyez-vous, je réalise aussi une fois de plus que la vie elle-même, dans son essence, illustre à la perfection le contraire de la sécurité. Elle sème le risque, l’incertitude et l’incontrôlable dès son premier balbutiement. Sitôt que l’on met un enfant au monde, n’initialise–t-on pas, à travers lui, une possible multitude de difficultés, de maladies, d’accidents et donc de risques ? Sitôt que l’on engage notre amour auprès d’un autre être, ne fait-on pas un pari, ne lance-t-on pas dans le vide notre cœur et nos boucliers ? D’une certaine façon, on s’aventure en terrain insécuritaire… In Terra incognita, comme on disait autrefois.
Personnellement, c’est cette Terra incognita qui m’attire et dont j’aimerais vous communiquer le désir sinon le besoin. Je ne dis pas que vivre soit de faire n’importe quoi. Je dis seulement que c’est ne pas vivre que de porter sans cesse mentalement et simultanément un parachute, des souliers à crampons, un casque à visière et – pourquoi pas ? – une arme d’autodéfense.
Je ne sais plus quel auteur disait d’un ton amusé et volontiers caricatural : «J’ai peine pour les hommes qui ont si peur de vivre qu’ils mettent en même temps des bretelles et une ceinture à leurs pantalons.»
Qu’est-ce qui m’attend dans une heure ou demain matin ? Je l’ignore, bien sûr. Mais ce dont je suis certain c’est de ne pas assez faire confiance au «sécuritairement correct» pour me couper l’envie de manger une pomme qui n’a été ni qualibrée, ni enduite de cire. Ce dont je suis certain, c’est d’aimer encore assez les écureuils et les ratons-laveurs pour les nourrir à la main, au risque d’être mordu.
Ce dont je suis également certain, c’est de m’émerveiller encore assez devant les beautés de notre monde pour vouloir – coûte que coûte – continuer à poser mes pieds en Asie, au Moyen-Orient, en Afrique et partout ailleurs où on s’acharne à faire trembler la Terre… sans parler des terrasses de nos cafés.
Ne croyez pas pour autant que je sois particulièrement courageux ou inconscient. J’ai juste compris que le sentiment d’insécurité dans lequel on accepte d’entrer un jour se sème et se re-sème toujours davantage et qu’il finira par nous couper radicalement le souffle si nous n’y prenons garde. C’est d’ailleurs déjà choisi par certains qui trouvent «sécuritaire» de cocher la case «géolocalisez-moi à toute heure de ma vie».
Mon choix est donc fait. Je ne fréquenterai pas le «jardin de la trouille planifiée» , ni l’autoroute de ceux qui font profession de l’entretenir. Mon assurance mauvaises herbes ? C’est l’envie et le besoin de continuer à aimer et à faire confiance. Souscrivez-y ! Les intérêts sont plus gros qu’on ne le croit…
DANIEL MEUROIS Daniel Meurois, Écrivain
SOURCE DE CETTE PUBLICATION: @DanielMeurois
Chères lectrices, chers lecteurs, Prenez avis que ce texte a été publié pour l’intérêt informatif qu’il représente en lien avec le thème abordé sur ce blog. Bien que je sois vigilante quant à la crédibilité de sa source, votre discernement doit prévaloir en tout temps. Utilisez-le. Votre hôtesse, Andree Boulay.
🌹 A n d r e e B o u l a y B l o g u e 🌹
Un blogue dédié à l’amour de soi

© 2019 – 2023 Andree Boulay Blogue – Tous droits réservés
ARCHIVES
RECHERCHER