
Extraits de
Éditions Albin Michel (2007)
« Derniers fragments d’un long voyage »
La mue qui t’attend est certainement la plus violente des aventures. Il faut avoir vu une libellule s’extraire de sa chrysalide. Il faut l’avoir vue mouillée, engluée, pitoyable, s’arracher à la gaine étroite, en être vomie avec des spasmes d’étranglement. Il faut l’avoir vue grelotter longtemps; naufragée, avant que la voilure détrempée de ses ailes ne sèche, ne déploie peu à peu la délicate merveille, la transparence diaphane de l’envolée promise!
Une fois l’enfer de la désillusion traversé, voilà que tu atteins l’autre rive. Brûlé(e). Évidé(e). Nu(e). Déjà tu t’étonnes à nouveau d’être vivant(e). Exposé(e) aux blessures comme aux caresses. Délivré(e) de la cotte de mailles dans laquelle les dogmes, les représentations, les morales, les obligations t’avaient enferré(e). Vivant(e).
Dans le royaume où tu es parvenu(e), que reste-t-il encore à craindre, à attendre puisque tout ce que tu rencontres ne vise désormais que ton apprentissage, le tien! Ici ne règne que la plus naïve des tautologies. Ici on aime pour aimer. On sert pour servir. On vit pour être en vie.
Ni plus, ni moins.
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© Christiane Singer | Babelio
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