
Extraits de
Éditions Gallimard (1992)
« Le Très-Bas »
Si, quand même, il en dit plus. Il dit: je t ‘aime et je suis désolé de t’aimer si mal, de ne pas savoir t’aimer.
C’est que plus il s’approche de la lumière, et plus il se découvre plein d’ombres. Plus il aime et plus il se connaît indigne d’aimer.
C’est qu’il n’y a pas de progrès en amour, pas de perfection que l’on pourrait un jour atteindre. Il n’y a pas d’amour adulte, mûr et raisonnable. Il n’y a devant l’amour aucun adulte, que des enfants, que cet esprit d’enfance qui est abandon, insouciance, esprit de la perte d’esprit.
L’âge additionne. L’expérience accumule. La raison construit. L’esprit d’enfance ne compte rien, n’entasse rien, ne bâtit rien. L’esprit d’enfance est toujours neuf, repart toujours aux débuts du monde, aux premiers pas de l’amour.
L’homme de raison est un homme accumulé, entassé, construit. L’homme d’enfance est le contraire d’un homme additionné sur lui-même: un homme enlevé de soi, renaissant dans toute naissance de tout.
Un imbécile qui joue à la balle.
Ou un saint qui parle à son Dieu.
Ou les deux à la fois.
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© Christian Bobin | ChristianBobin.fr
Chères lectrices, chers lecteurs, Prenez avis que ce texte a été publié pour l’intérêt informatif qu’il représente en lien avec le thème abordé sur ce blogue. Bien que je sois vigilante quant à la crédibilité de sa source, votre discernement doit prévaloir en tout temps. Utilisez-le. Votre hôtesse, Andree Boulay.

Une amie (dont, en apparté, la fille bilingue travaille au Canada) m’a fait passer ce commentaire que je retransmets :
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Un hommage à Christian Bobin auquel j’adhère à 100%, merci 🙏
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