Henri GOUGAUD: Novembre.

Extraits de
« Le livre des chemins »
Éditions Albin Michel (2009)

Novembre est un mois rechigné. Vent glacial et méchante pluie envahissent les rues, les champs. La vie se fait crépusculaire. On disait autrefois qu’à soixante-dix ans d’âge on « entrait en novembre », la neige est proche, et les rigueurs de la vieillesse. C’est pourquoi sans doute en ce temps de l’année on pense aux morts, on va les voir, on les fleurit sous le ciel gris, et l’on se souvient, comme l’écrivit un poète ricanant, que « la vraie majorité silencieuse est celle des cimetières ».

Faut-il pour autant s’affliger et subir sans espoir la mélancolie pleurnicharde des brumes? Que non. Novembre est aussi le mois du secret, celui des sages, les vrais, ceux qui savent parler au cœur aussi bien qu’à l’intelligence. Novembre est le mois où le grain semé pourrit dans les ténèbres de la terre. Il meurt pour mieux renaître. Sans cette mort saisonnière, point de printemps.

Ainsi la nature nous apprend la loi de l’existence. Toute nuit est porteuse de jour, toute mort promesse de vie. Le chemin du ciel passe par les profondeurs de la terre. Si le grain ne meurt, point de fruit. Voilà pourquoi après la Toussaint, jour des morts, vient Noël, jour de naissance. Et voilà pourquoi novembre est représenté, sur les calendriers anciens, par la roue du temps que certains nomment « roue de la Fortune ». Elle ne s’arrête jamais, précipitant les haut perchés par le fond, et hissant au ciel les plus profondément enfouis.

Ainsi, en cette morte-saison, c’est l’espérance qu’il faut cultiver, et la méditation, et la paix de l’esprit.

____________________

source

Chères lectrices, chers lecteurs, Prenez avis que ce texte a été publié pour l’intérêt informatif qu’il représente en lien avec le thème abordé sur ce blogue. Bien que je sois vigilante quant à la crédibilité de sa source, votre discernement doit prévaloir en tout temps. Utilisez-le. Votre hôtesse, Andree Boulay.