
Extraits de
Les Éditions du Relié (2015)
« Luis Ansa: La Voie du sentir »
par Robert Eymeri
Vous savez, le monde sacré se trouve caché dans la vie ordinaire, dans les choses qui n’ont pas d’importance, qui sont banales et auxquelles on ne fait pas attention. C’est pour cela qu’il est si difficile à déceler.
C’est un grand secret que je vous offre. On croit qu’on va trouver le divin dans les cathédrales, à Notre-Dame, dans les écrits des saints, alors qu’il est peut-être caché dans un petit coin de votre balcon, dans un caillou, dans les choses humbles, simples, qui, par la sensibilité des impressions, entrent dans notre corps.
Mais on veut sans cesse du miraculeux, de l’extraordinaire. Aussi longtemps que vous restez convexe, ébloui, distrait, hypnotisé par le miraculeux, le mystère ne peut pas entrer. On se gave d’extraordinaire parce qu’on ne veut pas accepter l’ordinaire.
Et pourquoi cela?
Parce qu’on ne veut pas accepter son incarnation, sa matérialité. Parce quon ne veut pas accepter le fait que, sans notre corps, le vent en pleine campagne n’existe pas. On ne veut pas accepter le fait que c’est grâce à la corporalité du corps que le vent existe et qu’on peut le sentir, que c’est grâce à la corporalité des arbres qu’on peut les voir.
Tant que je ne suis pas dans ce mouvement de retournement, je suis toujours dans l’extériorité et je vais chercher du merveilleux, de l’extraordinaire.
Et qu’est-ce que c’est, ce retournement?
Comment les mystiques, les chamans, s’y sont-ils pris?
En renonçant à eux-mêmes du point de vue psychique. Là, vous passez à un autre type d’attitude par rapport à l’autre et par rapport à vous-même. Vous cessez alors de vous raconter des histoires et d’interpréter les choses, vous plongez dans votre corps pour être au milieu de l’écoute.
Goûtez la pluie, savourez-la, savourez la lumière du matin, celle du soir. Soyez amoureux, c’est cela capter les impressions. Goûtez la saveur des choses.
Qu’est-ce que c’est la saveur?
« De l’amour, tu ne connais que la saveur. Le reste, c’est du folklore », m’a dit un jour un chaman. C’est le goût de l’amour, le goût d’un corps de femme, le goût d’un corps d’homme. Peut-être que Dieu, ce mystère énorme, n’est qu’un goût, et nous, nous le cherchons dans un concept, c’est là notre profonde stupidité.
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© Luis Ansa | La Voie du sentir
LUIS ANSA: LA VOIE DU SENTIR PAR ROBERT EYMERI (2015)
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