
KEEP YOUR EYES ON THE PRIZE
Traduction libre
Du sang coule dans les rues. Encore une fois. Des gens tuent d’autres gens au nom des dieux, des idéologies et de vieilles rancunes. Torture, viol, meurtre, violations choquantes des droits humains fondamentaux. Partout dans le monde.
Une journée comme les autres sur cette bonne vieille planète.
Est-ce le moment d’abandonner? Est-ce le moment de chanter plus fort nos chansons d’amertume, de défaite et de rage? Le monde est-il une erreur, une expérience ratée, une aberration de la conscience, une perte de temps pour tout le monde? La philosophie du nihilisme¹ avait-elle finalement raison?
Lorsque nous sommes confrontés à des nouvelles comme celles-ci, nous pouvons nous sentir tellement impuissants, effrayés, déçus, instables, comme si nous vivions dans un monde devenu fou, dément et hors de contrôle. Tout cela ressemble à un cauchemar, où une force maléfique ou obscure semble avoir pris le dessus.
Certains commencent à parler de l’approche de l’Apocalypse. Il est certain que cela peut donner l’impression que le monde féérique auquel nous avons cru autrefois touche à sa fin.
Au milieu de cette dévastation, nous cherchons des réponses, des causes, quelqu’un ou quelque chose à blâmer, un bouc émissaire, un moyen de dissiper notre tension, un exutoire pour toute cette colère, ce chagrin et cette confusion, cette énergie vitale si brutale. Pourquoi y a-t-il tant de mal dans ce monde? Blâmons-nous les meurtriers? Leurs parents? La société dans son ensemble? Le cerveau humain? La nourriture que nous ingérons? Les produits chimiques? Les étoiles? Nos gouvernements? Les religions? Considérons-nous les meurtriers comme des malades, des pervers, des fanatiques, des fous maléfiques? Leur déclarons-nous la guerre comme ils nous ont déclaré la guerre, en leur souhaitant davantage de mort, de destruction et de malheur, à eux, à leurs enfants, à leurs mères, à leurs amants, à leurs ancêtres? Nous engageons-nous dans l’histoire séculaire du bien contre le mal, nous contre eux? Renforçons-nous davantage notre identification à une conception de soi créée par l’esprit? Amplifions-nous les divisions? Au nom de la paix mondiale, devenons-nous nous-mêmes des terroristes?
Maudissons-nous Dieu et l’Univers et regrettons-nous d’être nés? Essayons-nous de nous engourdir, de nous distraire des « nouvelles » avec l’alcool, la drogue, le sexe, le travail, le shopping, les plaisirs matériels? Est-ce que nous ignorons les horreurs, détachons nos cœurs de ceux de nos frères et sœurs dans d’autres régions de la planète, tournons le dos à leur sort, marmonnant pour nous-mêmes en lisant le journal pendant notre trajet matinal à quel point les choses sont « horribles », puis fermons les yeux et ne faisons rien pour apporter le changement et la guérison?
Diffusons-nous le problème, tout en renonçant à faire partie de la solution?
Nous tournons-nous vers des maîtres spirituels qui nous réconfortent en nous parlant de la nature illusoire de la vie et de l’irréalité de tout ce dont nous sommes témoins? Répétons-nous des phrases vides de sens telles que « rien n’a d’importance », « tout n’est qu’un jeu sur l’écran de la Conscience » et « personne n’a le choix de toute façon »? Qualifions-nous ce que nous voyons d' »irréel » ou d' »illusion », nous épargnant ainsi la douleur d’avoir à affronter le désordre et l’apparente incontrôlabilité de cette manifestation relative et impermanente? Prétendons-nous que les événements mondiaux n’ont rien à voir avec nous, que tout est déconnecté et que nous sommes isolés les uns des autres? Sombrons-nous dans le solipsisme²? L’anarchie? Fermons-nous nos cœurs encore plus qu’ils ne le sont déjà, construisons-nous des murs encore plus hauts et vivons-nous dans un espace protégé par la peur? Rejetons-nous ce monde et rêvons d’une vie après la mort parfaite?
Avons-nous recours à la « réalité » des informations pour trouver une excuse à notre renoncement, à notre repli sur nous-mêmes, à l’oubli de qui nous sommes vraiment? Laissons-nous les « méchants » gagner en abandonnant notre voie, en vivant nous-mêmes dans la terreur et en terrorisant ceux que nous qualifions de « mauvais »? Contribuons-nous à aggraver les problèmes que nous constatons?
Ou bien tirons-nous parti de l’apparition des problèmes pour examiner en profondeur notre façon de vivre et de traiter les autres. Considérons-nous la folie comme un appel à la clarté? La violence comme un appel à l’amour? La douleur comme un appel à la compassion? La terreur comme un appel à nous souvenir et à exprimer plus profondément et avec plus de conviction cette intelligence infinie que nous sommes?
Faut-il tolérer les meurtres? Absolument pas. Sommes-nous sensibles à la douleur des victimes et de leurs proches? Bien sûr, car nous ne sommes pas séparés. Faut-il faire tout notre possible pour empêcher que ce genre de choses se reproduise? Certainement. Faut-il œuvrer pour la justice? Oui. Devons-nous rester les bras croisés et simplement « accepter »? Si accepter signifie détachement, passivité et tolérance, alors non. Si cela signifie s’aligner profondément avec la vie, sachant que le changement intelligent et la guérison émergent toujours d’une plongée sans crainte dans le mystère du moment présent, alors oui. La véritable acceptation et le changement créatif vont de pair.
Au Moyen-Orient, un Juif fait don d’un rein à une Palestinienne malade, lui sauvant ainsi la vie. En Inde, une femme, malgré les noms que les autres lui donnent, nourrit et lave les lépreux, car elle considère que nous sommes tous l’expression d’une même conscience et cela lui procure de la joie de vivre. À San Francisco, un fils tient la main de son père âgé, et soudain, comme par magie, le pardon survient de manière inattendue, le poids, la violence et le ressentiment d’une vie entière s’évanouissent, comme s’ils n’avaient jamais existé.
Quelles sont les « nouvelles » que nous enseignons à nos enfants? Leur enseignons-nous qu’ils sont nés dans un monde fondamentalement effrayant, mauvais et malade, et qu’ils devront vivre dans la peur et la haine? Leur enseignons-nous que la violence est inévitable et « inhérente » à leur nature? Cédons-nous à la terreur et l’utilisons-nous comme excuse pour abandonner notre véritable vocation? Ou leur enseignons-nous que les meurtres et les tortures dont nous sommes témoins chaque jour dans les actualités découlent d’un profond oubli de qui nous sommes, d’une croyance fausse et erronée en la séparation?
Quelle est donc la véritable « nouvelle » du jour?
Enseignons-nous à nos enfants à renoncer à leurs rêves parce qu’il existe des personnes malveillantes qui cherchent à les empêcher de les réaliser? Leur apprenons-nous à renoncer à l’amour, à la compassion, au changement, à l’humanité et à la joie à cause de toutes ces « nouvelles »? Leur apprenons-nous à se concentrer sur ce qui ne va pas dans le monde, à s’accrocher au « négatif », à chanter des chansons de défaite et de désillusion? Ou alors, les rendons-nous aveugles au « négatif » en ne nous concentrant uniquement que sur le « positif »? Leur apprenons-nous à reconnaître la violence du monde, la douleur qui en découle, mais à voir que toute cette souffrance fait partie d’un tableau infiniment plus vaste, un tableau où tout est interconnecté, où tout a son importance, où tout est en équilibre et où rien n’est immuable?
Alors, ne laissons pas les « nouvelles » nous empêcher de vivre notre vérité, même pour un instant. Ne croyons pas une seconde qu’il existe dans le monde une puissance appelée « mal » qui ait le pouvoir de l’emporter sur l’amour.
La terreur ne saurait triompher, car elle découle d’une grave méconnaissance de notre nature. En réalité, nous ne faisons que nous faire du mal, nous poignarder, nous faire exploser, et au fond de nous, nous le savons et l’avons toujours su. Comme une vague ne peut être séparée de l’océan, ni d’aucune autre vague, au-delà de nos différences d’opinion et de croyance, nous sommes tous des mouvements uniques de la Vie, le véritable Pouvoir, bien au-delà du « pouvoir » mondain des armes à feu, des couteaux à viande dégoulinants de sang et des camions fonçant dans des foules d’innocents.
Enseignons à nos enfants les réalités du monde, certes, mais surtout, enseignons-leur les réalités de leur cœur et du cœur de ceux qu’ils appellent « les autres ». Que la vague actuelle de violence serve à approfondir notre conviction dans ce don intemporel et inébranlable qu’est la Présence que nous connaissons depuis toujours, et à réaffirmer notre intention de mettre fin à toute violence en nous-mêmes, afin de vivre comme nous savons que nous pouvons vivre. Ne laissons pas les « informations », ou du moins les récits qui nous sont présentés de manière sélective comme des « informations », nous détourner de la Vérité.
Rendons hommage à toutes les victimes.
Cheminons avec courage.
Exprimons-nous. Créons. Organisons-nous.
Éteignons cette fichue télévision.
Gardons les yeux rivés sur l’objectif.
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¹ Le Robert Dico en ligne.
² Le Robert Dico en ligne.
© Jeff Foster | LifeWithoutACentre.com
KEEP YOUR EYES ON THE PRIZE (2023)
Chères lectrices, chers lecteurs, Prenez avis que ce texte a été publié pour l’intérêt informatif qu’il représente en lien avec le thème abordé sur ce blogue. Bien que je sois vigilante quant à la crédibilité de sa source, votre discernement doit prévaloir en tout temps. Utilisez-le. Votre hôtesse, Andree Boulay.
