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Andree BOULAY | Le deuil du Monde tel qu’il fut.

Photo de Wesley Carvalho provenant de Pexels 2

Une lecture poético-lucide du monde post-2020
à travers le modèle Kübler-Ross

14 septembre 2025

Ce texte est né d’un besoin profond de mettre des mots sur ce que je ressens – ce que nous ressentons peut-être – depuis 2020. Il ne prétend pas détenir de vérité absolue, mais il tente de tracer un chemin à travers le chaos émotionnel, en s’appuyant sur le modèle de Kübler-Ross. J’ai voulu mêler poésie et lucidité, pour que chacun puisse y retrouver un fragment de soi, une résonance, une question. Si ce texte vous touche, vous dérange ou vous éclaire, alors il aura rempli sa fonction: celle d’ouvrir un espace de réflexion, de mémoire et de transformation.

Andree Boulay

Lors de ses contacts avec des patients en phase terminale, Elisabeth Kübler-Ross¹ a observé que chacun traverse, à sa manière, cinq étapes de deuil: le refus, la colère, la négociation, la dépression et l’acceptation.

J’ai choisi de m’inspirer de ce modèle pour rédiger cet article.

À mon humble avis, l’avènement de la présumée pandémie de 2020 a plongé l’Humanité dans un processus de deuil. Le deuil de sa « Vie d’Avant » – une vie qui, depuis, semble à l’agonie… une vie qui se meurt. Cette « Vie d’Avant », ayant vraisemblablement terminé son cycle, se doit de s’éteindre.

Or, les croyances, les usages et les coutumes de cette « Vie d’Avant » constituent les fondements de la société actuelle, telle que nous la connaissons. Sa disparition équivaut à un effondrement structurel – un glissement profond, presque tectonique. Les émotions vécues par l’Humanité sont donc bouleversées, intenses, chaotiques. Et si l’on observe attentivement les mouvements sociaux depuis 2020, on peut y lire les signes d’un deuil collectif en cours.

Le Refus

Le refus fut immédiat, presque instinctif.

Refus de croire que le monde pouvait basculer si vite, si brutalement. Refus de voir que derrière les discours sanitaires se profilait une réorganisation profonde des rapports sociaux, des libertés, des liens humains. La présumée pandémie, parce qu’elle fut mondiale, a agi comme un révélateur: non pas tant d’un danger viral, mais d’un glissement insidieux vers des formes de contrôle inédites. Ce refus – celui de reconnaître la dérive autoritaire qui s’installait – a creusé une brèche dans le tissu même des sociétés. Familles divisées, couples brisés, amitiés déchirées… les opinions sur les mesures sanitaires, les vaccins, les confinements sont devenues des lignes de fracture. Ce phénomène n’est pas sans rappeler d’autres moments de l’Histoire où le refus collectif d’admettre une transformation politique profonde a engendré des tensions durables. Pensons, par exemple, au Québec d’après-guerre, où le manifeste du Refus global (1948)² dénonçait l’autorité oppressive et le conformisme ambiant, provoquant un choc culturel et social majeur.

Et comme l’écrivait Simone de Beauvoir: « Le principal fléau de l’humanité n’est pas l’ignorance, mais le refus de savoir. »³

Le refus n’était pas seulement celui de l’État ou des institutions, mais celui de chacun, face à l’inconfort de voir s’effondrer les repères de la « Vie d’Avant ». Et dans cette brèche, le doute s’est engouffré, suivi par la peur, puis par la colère.

La Colère

La colère fut flamboyante.

Elle jaillit comme un feu longtemps contenu, nourri par l’injustice, attisé par le refus d’être muselé. Ce n’était plus seulement la peur du virus, mais la fureur de voir les libertés suspendues, les corps assignés à résidence, les esprits sommés de se taire. Les rues se sont remplies à nouveau – non de passants, mais de manifestants. Des voix se sont élevées, parfois discordantes, souvent désespérées. La colère a pris mille visages: celui du soignant épuisé, du parent isolé, du citoyen méfiant, du jeune désorienté. Elle s’est exprimée dans les cortèges, sur les réseaux, dans les silences lourds des repas de famille.

Et comme l’a dit Doris Lessing: « Ce qui me met en colère, c’est que plus personne n’est en colère! Les gens sont prêts à tout avaler aujourd’hui. »⁴

La colère est une révolte contre l’invisible, contre l’injustifiable. Elle est le cri de ceux qui refusent de voir mourir la « Vie d’Avant » sans procès, sans vérité, sans mémoire. Mais elle est aussi le feu qui purifie, qui éclaire les failles, qui prépare – peut-être – le terrain du renouveau.

La Négociation

La négociation fut un murmure.

Après les cris, les flammes, les ruptures, vint le temps des pourparlers – souvent intérieurs, parfois collectifs. L’Humanité, encore sonnée, a tenté de composer avec l’inacceptable. On a marchandé des libertés contre des sécurités, des droits contre des promesses, des vérités contre des récits. Les mouvements sociaux ont cherché des formes nouvelles: assemblées virtuelles, solidarités locales, dialogues transversaux. Mais cette négociation n’était pas toujours équitable. Elle ressemblait parfois à une danse déséquilibrée, où l’un impose le rythme pendant que l’autre tente de suivre sans tomber.

Au Canada, cette tension s’est cristallisée dans le mouvement des camionneurs de 2022. Né d’un sentiment d’injustice et d’exclusion, le Convoi de la liberté⁵ a rassemblé des milliers de citoyens autour de revendications liées aux libertés individuelles et à la reconnaissance des travailleurs essentiels. Loin d’un acte de dissidence, ces manifestants se prévalaient de leur droit fondamental à l’expression et à la contestation pacifique. La réponse gouvernementale fut ferme et même, à certains égards, plutôt brutale: interventions policières, gel de comptes bancaires, restrictions sur les plateformes de financement. Pour beaucoup, ce moment a révélé une faille dans le récit démocratique – une impression que les principes de liberté et de dialogue n’étaient plus qu’une façade, mise à l’épreuve par l’urgence politique⁶.

Et comme l’écrivait Albert Memmi: « Notre vie est une constante négociation entre le rationnel, l’imaginaire et nos émotions. »⁷

La négociation est une tentative de réconciliation – entre ce qui fut et ce qui vient, entre ce que l’on perd et ce que l’on espère. Elle est le pont fragile entre la colère et la résignation, entre le tumulte et le silence. Mais sous ce pont, les eaux restent troubles.

La Dépression

La dépression se manifesta comme une chute silencieuse.

Non pas un effondrement soudain, mais une lente dérive, comme un sol qui se dérobe sans bruit. Et le vertige n’est pas encore terminé. Le monde semble flotter dans une brume épaisse, où les repères se dissolvent et les certitudes s’effacent. Les jours se confondent, les saisons passent sans empreinte, et les visages – derrière les masques ou les écrans – deviennent des silhouettes floues.

Ce n’est plus la peur, ni la colère, ni même la négociation: c’est l’épuisement. Un épuisement moral, affectif, existentiel. Les mouvements sociaux eux-mêmes se sont ralentis, comme si le souffle manquait. Certains ont disparu, d’autres se sont repliés sur des formes plus intimes: entraide locale, spiritualité, introspection. La parole publique s’est faite plus rare, plus prudente, parfois résignée. Et dans ce silence, une question sourde: à quoi bon?

Comme l’a écrit Emmanuel Carrère: « C’est le propre de la dépression: on ne peut pas croire qu’un jour on ira mieux. »⁸

La dépression collective ne se voit pas toujours. Elle s’insinue dans les gestes, dans les regards, dans les absences. Elle est le creux entre deux mondes – celui qui s’effondre, et celui qui n’est pas encore né. Mais dans ce creux, quelque chose veille.

Une attente. Une possibilité. Un souffle.

L’Acceptation

L’acceptation ne sera pas une délivrance.

Elle se manifestera comme une veille intérieure, un regard qui s’ouvrira sans se détourner. Ce ne sera pas que le monde aura guéri – loin de là. Mais quelque chose en nous cessera de fuir.

Les signes émergeront, discrets, parfois contradictoires. Une montée de violence, oui – comme un corps qui se débattra avant de céder. Des tensions sociales, des ruptures, des cris étouffés. Mais aussi, dans les interstices, des gestes de réconciliation, des élans de vérité, des quêtes de sens. L’acceptation ne signifiera pas que l’on approuvera ce qui est, mais que l’on cessera de nier ce qui fut.

Et comme le mentionne Boris Cyrulnik: « Faire preuve de résilience, c’est se reconstruire après un choc émotionnel et l’intégrer dans son existence. »⁹

L’acceptation sera une forme de résistance douce. Elle ne cherchera pas à revenir à la « Vie d’Avant », mais à comprendre ce que cette mort nous aura enseigné. Elle marquera le début d’un autre récit – une « Vie d’Après », plus lucide, plus exigeante, mais peut-être plus vraie.

Conclusion

Ce deuil collectif que nous traversons n’est pas linéaire, ni universel dans ses formes. Il est fragmenté, intime, parfois invisible. Mais il est là – dans les silences, les ruptures, les colères, les replis. Et peut-être que le reconnaître, le nommer, c’est déjà commencer à le traverser.

La « Vie d’Avant » ne reviendra pas. Et la « Vie d’Après » ne sera pas un retour à la normale, mais une réinvention – lucide, exigeante, tâtonnante. Elle portera les cicatrices du passé, les leçons du présent, et les germes d’un avenir encore indéfini.

Ce texte n’est ni un manifeste, ni un verdict. C’est une tentative de lecture – une cartographie émotionnelle de notre époque. Et si l’on accepte que le deuil soit aussi une forme de passage, alors peut-être pourrons-nous commencer à écrire ce nouveau récit, ensemble.

_____________________
¹ Wikipédia
² umvie.com
³ citation-celebre.leparisien.fr
citations.ouest-france.fr
Wikipédia
zackmwekassa.org
citation-celebre.leparisien.fr
evolution-101.com
evolution-101.com

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