
Extraits de
Les Deux Océans (2004)
« De l’abandon »
Vies en pleine lumière ou vies obscures, profondément, toutes les vies sont les mêmes. Ceux qui les vivent n’ont pas la moindre liberté de faire ou de ne pas faire, d’accomplir ou de ne pas accomplir ce qui semble leur arriver. Quand j’ai intégré cette évidence, une forme de détente survient.
Je n’ai plus besoin de me chercher dans des journaux, des livres, à travers des gens qui soi‐disant réussissent ou échouent. Ma vie, mon corps, mon psychisme sont ce qu’ils sont. Je suis riche, pauvre: cela ne me concerne pas. J’accepte ma vie. L’instant d’après la richesse peut devenir pauvreté et la pauvreté richesse. Une forme de plasticité vient.
Quand j’accepte pleinement le déroulement de ma vie, ce qui m’arrive change. Tant que je lutte contre ce qui survient, je reste collé et rien ne change. Lorsque je ne cherche plus à modifier ma vie, une forme de clarification, de détente a lieu. Je commence à pouvoir me regarder. Tant que je veux changer, je ne me regarde pas, je ne regarde que mon projet. Tant que j’en ai assez d’être violent, je ne regarde que ma haine de cette violence, mon inconfort vis‐à‐vis d’elle ou mon espoir de n’être plus violent demain. Je suis absent à moi‐même… Quand je suis violent, je suis disponible à la violence qui m’habite, je la sens dans tout le corps. Je n’ai pas la prétention d’être différent.
Cette présence à l’émotion constitue le changement. C’est la magie. C’est au‐delà de tous les siddhis possibles.
Le changement découle de la vision. Il n’y a pas vision et changement: la vision est changement.
Quand j’intègre cela, la vie devient facile. Je n’ai plus de projet personnel, et cette absence de projection me permet de sentir les courants de l’existence, les mouvements. Au lieu de chercher ce qui est bien pour moi, ce que je dois faire de ma vie, de me poser la question: « Qu’est‐ce qui sera mieux demain? », je reviens à maintenant, je regarde ce qui émerge dans mon cœur à l’instant: faire du karaté, de la boxe, de la course automobile, être balayeur, divorcer, me marier, me faire musulman, approfondir le yoga sexuel taoïste… J’écoute.
Je n’écoute pas ce qui est mieux pour moi: j’ai compris une fois pour toutes que ce qui est mieux pour moi est ce qui arrive, ce qui est inévitable. J’écoute. Dans cette écoute, je découvre si je suis fait pour la danse, la musique, le combat rapproché, le bouddhisme, l’hindouisme, pour approfondir la démarche védantique ou pour lire les Upanishad. Je deviens une caisse de résonance pour l’inévitable… Et je deviens, enfin, un bon mari, un bon ascète, un bon chrétien ou un bon rien du tout.
Quand je suis à l’écoute, je ne demande plus rien à la société. Au contraire, selon mes compétences, je fais ce que je peux pour l’environnement. Je remplis mon rôle avec mes modestes moyens. C’est à chacun selon ses capacités. Je ne suis ni plus, ni moins. Je suis exactement comme je suis.
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© Eric Baret | Yoga du Cachemire avec Eric Baret
DE L’ABANDON (2004)
Chères lectrices, chers lecteurs, Prenez avis que ce texte a été publié pour l’intérêt informatif qu’il représente en lien avec le thème abordé sur ce blogue. Bien que je sois vigilante quant à la crédibilité de sa source, votre discernement doit prévaloir en tout temps. Utilisez-le. Votre hôtesse, Andree Boulay.
