
Seul, étranger, chômeur, timide, dans son deux-pièces de banlieue un pauvre homme tombe malade. Même palier, la porte en face. Seul, étranger, chômeur, timide, un autre pauvre homme s’étonne de ne plus croiser son voisin, tous les matins, dans l’ascenseur. Ils ne se sont jamais parlé, « mais tout de même, se dit-il, ce n’est pas normal ».
Il s’inquiète. Un matin (c’est dimanche) il ose. Il tend une oreille à la porte, frappe trois coups brefs. Son cœur bat.
– Entrez, lui dit une voix lasse.
Il entre donc. L’homme a l’air mal. Ils se saluent d’un bref sourire, ils ne savent pas que se dire, alors ils ne se disent rien. Le nouveau-venu ouvre les fenêtres, il fait la vaisselle, balaie, époussète les quelques meubles, puis il retape l’oreiller et refait le lit du malade. Quoi d’autre? Rien. Ils se sourient, juste des yeux (ils sont timides), se saluent chacun dans leur langue et le voisin rentre chez lui.
Le lendemain, l’homme, guéri, va frapper à la porte en face.
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Texte © Henri Gougaud | henrigougaud.com
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