
Extraits de « Oeuvre sur l’eau »
Éditions Seghers | Poésie (2002)
Traduit de l’italien par Danièle Valin
J’attache de la valeur à toute forme de vie, à la neige, la fraise, la mouche. J’attache de la valeur au règne minéral et à la république des étoiles. J’attache de la valeur au vin tant que dure le repas, au sourire involontaire, à la fatigue de celui qui ne s’est pas épargné, à deux vieux qui s’aiment. J’attache de la valeur à ce qui demain ne vaudra plus rien et à ce qui aujourd’hui vaut encore peu de chose. J’attache de la valeur à toutes les blessures. J’attache de la valeur à économiser l’eau, à réparer une paire de souliers, à se taire à temps, à accourir à un cri, à demander la permission avant de s’asseoir, à éprouver de la gratitude sans se souvenir de quoi. J’attache de la valeur à savoir où se trouve le nord dans une pièce, quel est le nom du vent en train de sécher la lessive. J’attache de la valeur au voyage du vagabond, à la clôture de la moniale, à la patience du condamné quelle que soit sa faute. J’attache de la valeur à l’usage du verbe aimer et à l’hypothèse qu’il existe un créateur. Bien de ces valeurs, je ne les ai pas connues.
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Texte © Erri de Luca | Rick Bass et les nature writers
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