
Il faut sans cesse tout recommencer, ouvrir les yeux, avaler quelque chose, se laver les pieds, se laver le cœur.
Il faut sans cesse tout recommencer, recoudre ses plaies, ses poches, renouer des liens, se nouer à d’autres, et puis: les égarer, les perdre, se perdre en eux et tout recommencer.
Faire la liste des courses, écrire des lettres d’amour, descendre l’escalier, sourire au jour, aux gens qui veulent bien, et puis pleurer et puis sécher ses cheveux et puis ses larmes.
Et tout recommencer: rire comme un fou, un éperdu, un orphelin devant la mer, un amoureux seul à son rendez-vous et puis crier toujours seul et en pyjama pour fêter une victoire sur soi-même ou la fin de l’orage ou le début du grand désert, une fois l’autre rhabillée et partie pour toujours.
Il faut sans cesse tout recommencer, renaître aux désirs, à la faim, à la soif, à la nudité du beau et puis retomber en plein vide, en plein abandon, se tordre le pied en marchant, en pensant à elle, et courir boiteux à la recherche d’un arbre contre lequel pisser ou se serrer joue contre joue pour lui confier son prénom et la couleur de ses cheveux.
Et tout recommencer, fermer les yeux, tanguer, vomir d’une belle cuite, s’endormir sous la douche, le cœur noyé et les chaussettes encore aux pieds.
Et puis partir bosser, encore une fois, faire le trajet, le rejet de ça mais le refaire quand même, la tête ailleurs pour oublier le rejet de ça, et puis à nouveau sourire aux gens qui veulent bien et puis demain tout recommencer.
Car sans cesse, oui sans cesse, il faut tout recommencer: ça fait plaisir à la vie…
____________________
Texte © Jacques Dor | babelio.com
Chères lectrices, chers lecteurs, Prenez avis que ce texte a été publié pour l’intérêt informatif qu’il représente en lien avec le thème abordé sur ce blogue. Bien que je sois vigilante quant à la crédibilité de sa source, votre discernement doit prévaloir en tout temps. Utilisez-le. Votre hôtesse, Andree Boulay.
