
Extraits de
Éditions Desclée de Brouwer (2009)
« Journal de mon jardin zen »
Que fais-tu grand-mère, assise là, dehors toute seule?
Eh bien, vois-tu, j’apprends. J’apprends le petit, le minuscule, l’infini. J’apprends les os qui craquent, le regard qui se détourne. J’apprends à être transparente, à regarder au lieu d’être regardée. […]
J’apprends avec les arbres, et avec les oiseaux, j’apprends avec les nuages. J’apprends à rester en place, et à vivre dans le silence. J’apprends à garder les yeux ouverts et à écouter le vent, j’apprends la patience et aussi l’ennui; j’apprends que la tristesse du cœur est nuage, et nuage aussi le plaisir; j’apprends à passer sans laisser de traces, à perdre sans retenir et à recommencer sans me lasser. […]
J’apprends que les chemins se divisent et se perdent, que les regrets sont de petites pierres pointues qui blessent les mains qui les enserrent et qu’il est meilleur que nos mains restent ouvertes; j’apprends mes erreurs, mes chagrins et mes oublis, et toutes les joies qui se faufilent, poissons d’argent dans la nasse de notre vie. […]
J’apprends à marcher sur des sentiers étroits sans peur, à regarder les montagnes qui se profilent au loin et que je n’atteindrai pas; j’apprends les milliers de pas qui ont marché avant moi sur ces mêmes sentiers; j’apprends les vieilles traces et les jeunes nuages. J’apprends qu’il faut se tenir prêt à partir quand le vent souffle; qu’on avance mieux en se donnant la main; que même un corps immobile danse quand le cœur est tranquille, que la route est sans fin et pourtant toujours exactement là. […]
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Texte © Joshin Luce Bachoux | babelio.com
Chères lectrices, chers lecteurs, Prenez avis que ce texte a été publié pour l’intérêt informatif qu’il représente en lien avec le thème abordé sur ce blogue. Bien que je sois vigilante quant à la crédibilité de sa source, votre discernement doit prévaloir en tout temps. Utilisez-le. Votre hôtesse, Andree Boulay.
